Monday, November 22, 2010

J: IRONMAN FL., USA


Saturday, november 6th – Le jour le plus long…

YOU ARE AN IRONMAN.
Voilà, tout se résume à ça, cette petite phrase, après un effort pourtant si long… Ces 9h30 de pensées diverses et variées, de douleur, d’émotions de toutes sortes, paraissent bizarrement si courtes en franchissant la ligne d’arrivée ! La ligne d’arrivée… sûrement la plus forte émotion triathlétique et personnelle que j’ai jamais ressentie (où finalement j’ai pleuré comme une madeleine…) et qui n’est pas prête de s’effacer de ma mémoire.
Voilà tant d’émotions pliées dans un coin de mon cerveau et aussi beaucoup de souvenirs… Des souvenirs que je vais essayer de ressortir noir sur blanc aussi fidèlement que possible pour les faire partager à ceux qui nous ont soutenu pendant cette superbe et longue épreuve !

Pour commencer, je n’ai pas vraiment dormi la nuit de l’Ironman. Je crois que je pensais trop, j’avais déjà envie d’y être et j’en avais marre d’attendre ! Levée à 4h, je me sentais sereine. Je ne me rendais pas encore compte de ce qui allait m’arriver ! ;-) Les parents d’Anne sont venus nous chercher et c’est en arrivant sur le site du départ que j’ai commencé à réaliser.
Plus que quelques heures avant le départ, c’est tout proche maintenant ! Avec le coach, nous voilà partis dans la prépa d’avant course : retour dans le parc à vélos pour un dernier « check-up » du vélo, dépôt des sacs de ravitaillements perso « bike » et « run », puis direction le hall bien au chaud pour enfiler la combi (température extérieure proche de 0°…). A ce moment-là, je regarde l’heure : 6h14. Wahou, dans un peu plus d’une demi-heure, je serai partie ! Pour selon, je nous trouve encore bien décontractée avec mon petit Dupont. Comme il fait froid dehors, on repousse un peu le moment où on va devoir sortir se jeter à l’eau… On se dirige donc vers le départ 10 ou 15 minutes avant le START ! On se faufile entre les gens, triathlètes ou spectateurs, on sent le sable gelé sous nos pieds qui nous pousse à trottiner jusqu’à l’arche. Avant de goûter l’eau, grand moment d’émotion… Au milieu de la foule qui se bouscule, Yves, Annette et moi nous serrons dans nos bras comme si une bulle s’était formée autour de nous. Un « hug » qui nous fait monter les larmes aux yeux et où je réalise que j’ai peur… Je fais quelques mouvements pour m’échauffer (en plus on est beaucoup mieux dans l’eau que dehors !) mais déjà on nous appelle sur la starting line. Les Pros partent 10’ avant. Je croise Jérémy, lui aussi dans la course, et je savoure ces quelques secondes avec lui avant le départ… J’en tire beaucoup d’énergie…

Puis tout va très vite. Je ne me souviens même plus du départ. Je me souviens du bouillon, des vagues, des pieds dans la figure, de la peur qui s’inhibe… Le départ n’est pas trop catastrophique, je ne me sens pas à l’agonie comme ça a pu être le cas souvent. Je suis dans un groupe, mais un coup me fait perdre le fil et voilà, je me dis : « Tu connais la chanson, All by myself… » ! Donc je « prends sur moi », je ne panique pas, je me dis que je vais me concentrer pour bien viser les bouées et ne pas me taper 4500m (3800 ça suffit !). Mais je me sens bien, j’arrive à mettre le rythme que je veux et je repense aux séries en paddles des dernières semaines… J’essaye de reproduire la même chose. Et je m’aperçois sur le retour du 1er tour que je reviens progressivement sur un groupe où il y a un petit bonnet rose… Là je pense très fort “I don’t wanna be all by myself “! Je reviens sur ce groupe et je me fonds dans la masse. A la sortie à l’australienne, j’entends « Jeanne Collonge (ou quelque chose comme ça !) is leading the women » et là je n’en reviens pas ! Mais j’essaye vraiment de ne pas me laisser envahir par l’excitation (eheh, ce n’est que le début !) et je « cours » dans l’eau avant de replonger pour le 2è tour. Je reste dans ce groupe que j’ai rejoint jusqu’au bout, je ne veux pas lâcher le bonnet gris à mes côtés. Je pense à la chaleur de l’eau, je me dis « profites-en ! », ça risque de ne pas durer. Mais voilà la fin de la 1ère partie de l’IM qui s’achève. Je sors de l’eau en tête (j’avoue que je n’aurais jamais parié là-dessus !), puis je me concentre très fort sur ma T2…

La T2… Quelle aventure ! J’ai une petite pensée pour mon Dupont, il ne faut pas que je fasse une Anne  (c’est-à-dire entre autres prendre le sac du voisin…), mais j’arrive devant les sacs et je vois qu’en fait on nous donne nos sacs (petite dédicace, je pense : « C’est cool ! »), donc je crie sixty et je file sous la tente, je m’assoie par terre et on m’enlève la combi (« trop bien, si on pouvait me faire ça sur les DO ce serait sympa ! »). Les filles sortent mes affaires du sac, je commence à mettre ma ceinture et là sacrilège, je vois le numéro sixteen sur le dossard !!! Je balance la ceinture et là je ne sais plus trop, j’ai dû hurler tout mon vocabulaire xxxx anglais ! J’étais folle de rage. « It’s SIXTY f******g sh******* !!! It’s sxty, it’s sixty, six-zero, six-zero ! ». Je commence à me dire que ça n’a servi à rien que je nage comme ça si c’est pour me foirer ma transition. Je cours en sens inverse pour rattraper le bon sac mais une fille me l’apporte. Je décide de me calmer, je présente mes plates excuses aux bénévoles pendant que j’enfile la veste qui va m’aider à me tenir chaud, mon casque (qui lui aussi va me tenir chaud, n’est-ce pas Dupont ?!) et mes lunettes. Then, let’s go !

Puis ça y’est, c’est parti pour 180km le dos cassé ! Au début, je sens mes jambes un peu dures mais je pense que c’est la transition nat-vélo qui provoque souvent cette sensation chez moi. Je me fais doubler par pas mal de pros hommes puis à la fin de la première ligne droite je commence à penser qu’il faut peut-être que je me restaure… Mais je m’aperçois que j’ai les mains complètement gelées, que j’ai déjà perdu mes 2 pieds, et que je ne sens plus mes oreilles. Je me demande donc comment je vais prendre mon bidon… Puis je me dis que finalement je n’ai pas du tout soif et surtout pas pour une boisson très très fraiche ! Donc je renonce (oui, erreur, je sais !)… Je commence la 2è ligne droite qui est bien plus longue et complètement à l’ombre… « Malheur, mais comment je vais me réchauffer ?! » Des frissons m’envahissent, le froid est rentré en moi et c’est très mauvais chez moi… Des pensées négatives me montent au cerveau (que je n’avais pas réussi à poser à ce moment là…), du style : « Pourquoi il faut que ce p**** de froid vienne me gâcher la course ? Je viens en Floride pour me cailler ! Oh non, je ne peux plus rien faire, je suis paralysée de froid, si ça se trouve je vais devoir abandonner par hypothermie… » Mais je repense aussi à certaines choses qu’on m’a dites, comme : c’est pareil pour tout le monde (ce dont je ne suis pas persuadée à 100%...). Je lutte, tout mon corps lutte, mais je ne veux pas baisser les bras. Ca y’est, une fille me double, c’est l’allemande Meike Krebs. Je ne peux absolument rien faire, je ne réagis même pas ! Yves et les parents d’Anne passent en voiture et je leur dis que je suis en train de mourir de froid. Yves me dit que les filles derrière sont pareilles, que tout le monde a froid mais qu’il y aura bientôt le soleil pour me chauffer. Je m’accroche à cette idée, qu’il faut que j’arrive le plus vite possible là où le soleil chauffe. Je me rappelle aussi que je n’ai toujours pas bu ni mangé depuis le début, donc je décroche un bout de Powerbar (et sans les doigts c’est très difficile !) qui est dur comme du bois. Par contre boire du froid ne me tente toujours pas, même si je sais que j’ai tort. Je pense plutôt à boire un bon thé chaud à ce moment-là ! Au bout, je sais qu’on tourne pour avoir vent de face, mais aujourd’hui le vent a tourné et on l’a plutôt dans le dos. C’est une des plus longues lignes droites du parcours. Mais toujours à l’ombre… Je suis toujours 2è mais je sens que même mon cerveau commence à geler (remarque parfois ça peut être un point positif !), je ne suis plus très lucide et je ne roule pas bien droit. Malgré tout, je suis toujours dans de bonnes allures. C’est au bout de cette ligne droite que je vois Csomor me passer, puis peu de temps après un groupe d’hommes accompagné de Loeffler et une autre fille… Je ne me souviendrai de ce « détail » qu’après la course, j’étais trop à l’état de glaçon à ce moment-là pour m’en rendre vraiment compte. Puis enfin on sent un peu de chaleur (wahou, au moins 13° !). Sur la partie où il y a un demi-tour, je pense à Jérémy, je le cherche mais il a déjà dû passer. Je commence à boire  un peu plus et je pense toujours à prendre mon petit bout de Powerbar régulièrement. Je sens que le confort revient avec la chaleur, et que je me « reconnecte » progressivement. Des les « vagues » du parcours, je me sens super bien (inconsciemment j’ai dû penser « enfin de la bosse ! ») et j’arrive même à esquisser un sourire quand Yves passe en voiture. Je suis 7è à ce moment mais je n’ai pas d’indications sur ce qu’il se passe devant donc je ne sais pas à combien de temps je suis par rapport à la tête de course. Mais je n’y pense pas, je ne pense qu’à mon effort, de toute façon je n’ai aucune fille en ligne de mire. Puis un groupe de GA me double, mais ils me gênent car finalement ils me font ralentir, donc je décide de faire une Anne (c’est-à-dire cette fois doubler tête baissée, même pas peur !) et je commence à les doubler. Je me rabats devant et je continue sur le rythme que j’avais pris en me disant « ouf, de nouveau tranquille ». Mais quand je me retourne, je les vois tous derrière moi… Je ne sais pas pourquoi, je me sentais plus tranquille dans mon petit monde. Et voilà qu’ils me doublent à nouveau… j’étais vraiment intégrée à leur groupe contre mon gré. Ce n’est pas du tout ce que je souhaite : je suis obligée de ralentir quand ils me doublent parce que je veux laisser la bonne distance entre nous et ça m’agace !  On en est au dernier aller-retour sur la fin du parcours, il n’y a pas beaucoup de place mais je double encore la ligne de cyclistes et j’aimerais bien que ce soit bon cette fois. A la fin du demi-tour je ne me retourne pas mais je crois que j’ai enfin réussi à me détacher, en tout cas il n’y a que 2 ou 3 gars qui passent une fois par ci par là pendant la dernière partie bien roulante. Je ne sais pas pourquoi, j’ai un petit sourire aux lèvres en pensant que j’ai bientôt franchi une bonne partie de la distance 140.6 totale… Et que je me sens bien ! Je commence à penser au last but not least, the marathon ! Je pense à ma nutrition et me demande quelles sensations je vais avoir en « sautant » du vélo ! En fait, je consacre la dernière ligne droite à ma concentration pour l’épreuve finale.

J’arrive en T2 et en descendant du vélo ma chaussure gauche tombe, je fais donc demi-tour pour aller la récupérer et j’abandonne mon vélo aux bénévoles. Mes 1ers pas sur le sol sont bizarres, mais plus que la douleur musculaire, je m’aperçois que mes pieds ne sont toujours pas revenus à la vie ! Bref, « je vais faire abstraction ! » On me donne le bon sac cette fois et je suis très calme contrairement à la T1. Je remercie les filles qui m’aident et je pars toute contente après m’être changée.

Toute contente mais quand même, au fond, je me dis « dis-donc, j’ai pas fini de courir là ! » Là, j’aurais pu penser à mes trois mois de blessure au pied, à ma préparation retardée et à tous les entraînements que j’ai loupés pour être plus sereine sur le marathon… Mais aucune de ces pensées ne me vient à l’esprit. Il n’y a que le présent qui compte. Je déclenche mon Garmin mais comme je m’y attendais, je dois attendre 2 miles pour qu’il trouve les satellites. Je ne sais donc pas à quelle allure je cours. Je sens juste que j’ai de bonnes sensations. Dans un coup de vent, ma visière s’envole et je réfléchis quelques instant « je la laisse, je vais la récupérer ? » Finalement, je fais (de nouveau) demi-tour pour aller la récupérer. Je ne suis pas à quelques mètres près ! Yves arrive à ma hauteur et me demande comment je vais. Je lui demande à quelle allure je cours et il me répond : « trop vite ». Oups, j’ai sûrement dû partir plus vite que prévu, et je risque de griller mes cartouches si je ne l’écoute pas. Je me freine donc un peu mais, quand même, la « fougue de la jeunesse » me pousse à ne pas vouloir trop ralentir… Enfin, mon Garmin s’allume et je vois plus de 14km/h… en effet, je suis peut-être partie trop vite ! Je me ralentie un peu et je me mets à 13,6. Il y a un coureur juste devant moi qui court à une allure qui me plaît bien. Je le suis et ça dure un bon moment. On arrive dans le « parc aux crocodiles » et je me souviens de ce que m’a dit Jérémy la veille : « Tu lèveras les yeux au ciel quand tu passeras près des crocodiles ». Mystère, je ne sais pas de quoi il parle… Mais en sortant du parc, après les tapis de chrono, un panneau affiche des messages, ceux que nos proches ont pu nous laisser. Je lève les yeux, je commence à comprendre… J’ai mon petit message ! Un grand sourire s’affiche sur mon visage et des larmes me montent aux yeux. Je crois même que j’ai un peu accéléré ! Oups, faut pas s’emballer non plus !
On en n’est qu’au 1er quart du marathon, et pour le moment tout va bien. Je continue mon petit bonhomme de chemin et je suis toujours à la même allure, mais le gars avec qui je courais s’en est allé, et je l’ai laissé filer. Avant la fin du 1er tour, je double Meike Krebs, qui a l’air de souffrir. Je l’encourage. Pourvu que ça ne m’arrive pas… On m’annonce qu’il y a une fille à 45 secondes devant et j’ai vraiment envie de la rattraper. Je l’aperçois au loin. Au semi, il y a the crowd qui nous encourage (et à cet instant j’ai l’impression qu’on me hurle dessus !) et ça me donne des goose bumps !!! Au demi-tour, je peux faire un coucou et un encouragement à mon Dupont. On s’échange un sourire. Encore un tour comme ça, wahou, je ne me rends pas compte depuis combien de temps j’ai commencé à courir, et heureusement ! Mon Garmin affiche un 13,3 de moyenne, je me dis que ça va, je n’ai pas trop ralenti, et que je suis au-dessus de ce que je pensais courir. Il faudrait que je continue comme ça ! L’écart avec la fille juste devant moi ne diminue pas, on court à la même vitesse maintenant. Tant pis, je sens que ce serait tout de même difficile d’accélérer.
Tout va bien… Jusqu’au fameux parc aux crocodiles. Je commence à sentir mes jambes plus dures, chaque pas plus douloureux, mes genoux qui montent de moins en moins naturellement. Je continue à regarder mon Garmin régulièrement, mais je vois que ça baisse progressivement. 13,1… Non, non, faut pas que j’y pense. Allez, allez, pense à autre chose ! Tiens, va y’avoir le petit mot de ton chéri sur le panneau… Ah non, cette fois, le message ne s’affiche pas. On est sûrement trop nombreux à passer au même moment sur le 2è tour (avec ceux qui en sont à leur 1er). Bon, cette fois ce n’est pas des larmes de bonheur qui coulent sur mes joues, mais plutôt mon visage qui commence à grimacer ! Aïe, aïe, aïe, je ne veux pas craquer. Je repense au 22 octobre (une date fatidique dans ma préparation pour l’IM, où j’en avais beaucoup bavé !), je repense à ma famille qui doit être en train de suivre mon parcours sur internet, à mes amis qui doivent penser à moi, à mon Dupont, à mon Jé, à mon entraîneur… Tout se mélange. La fille qui n’était pas loin tout à l’heure s’est éloignée, je la vois de plus en plus loin. Je n’ai pas la force d’accélérer… Je commence à m’inquiéter sur la distance qu’il me reste à parcourir ! J’attend impatiemment le prochain panneau des miles, mais Yves arrive à mes côtés, et me demande comment je vais. Pas besoin de répondre, il suffit de voir ma tête ! Je ne sais pas ce qu’il me prend, je lui demande de ne pas partir. Et je lui demande combien il me reste à courir. « 4 miles, bientôt ». Oh non, mais ça fait combien en km ça, au moins 7km (à ce moment là, mes neurones ne digèrent pas du tout les calculs !). On arrive aux ravitaillements, je n’ai plus du tout envie de Coca, mais je tente quand même de crier « Coca ! ». Aucun son de sort de ma bouche. Yves crie à ma place, je chope un verre de Coca et essaye vaguement d’en prendre quelques goulées. Je voudrais dire à Yves d’aller voir ma petite Anne, elle a sûrement besoin de lui aussi, mais je n’arrive plus à parler. Je concentre toute ma force dans ma « foulée ». Ma vitesse a bien diminué : 12,8. Allez, allez, faut plus que ça diminue maintenant ! J’essaye d’accélérer (pour ne pas décélérer en fait…) puis je passe devant l’indication 2 miles. « Plus que 2 miles ! » me dit Yves. Quoi, quoi, quoi ??? PLUS que 2 miles ? Mais c’est le bout du monde ! « En fait, plus q’1 mile, parce que le dernier ne compte pas, c’est que du bonheur… » Pourvu qu’il ait raison ! Ces 2 miles me paraissent forcément longs, mais je ne décélère plus maintenant. Wahou, ça y’est, bientôt je serai sur la ligne d’arrivée, ça va être magique…
Le dernier mile approche, the crowd is shouting! Mais cette fois je n’entends plus rien, je ne vois que l’arche blanc au loin. Je savoure la dernière ligne droite. Face à l’émotion de l’évènement, la fatigue n’est plus rien, la douleur devient comme anesthésiée, les pensées se bousculent, tous mes sens sont inhibés. Seule une très forte émotion déborde, tout comme les larmes sur mes joues. Jeanne, you are an Ironman… C’est la seule chose que je peux entendre.

Je tombe dans les bras d’un bénévole sur la ligne d’arrivée. It’s done… 6è. Je retrouve Sam, puis Jérémy, puis je vois 2 minutes après moi l’arrivée de mon Dupont, qui a l’air complètement dans un autre monde… Est-ce qu’elle se rend-compte de quelque chose là ?! On se sert dans nos bras. We are Ironwomen.





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